Deal with it !

Ça me fait doucement marrer d’entendre ou lire des bêtises de ce genre. L’IA ne remplacera jamais un artiste, elle se contente de piocher du détail dans les publications – initialement humaines – les plus populaires de l’internet, et les gens postent le résultat, que les IA réutilisent. Elles s’auto-alimentent. Conséquence, la plupart des IA dès maintenant proposent essentiellement des images de type Ghibli à cause de leur popularité subitement montée en flèche ( par les IA ) il y a quelques mois ; ça tourne déjà en rond pour tous qui n’utilisent pas de prompt imaginatif. Très bientôt on aura du Princess Pornonoke quand les tendances préférées des internautes se rejoindront, à savoir la flemme de créer soi-même, et la bais… la branl… la…. cueillette des champignons en basse-provence. Et pendant ce temps les dessinateurs seront toujours là avec leur style persos, uniques.
Néanmoins je ne suis pas d’accord sur un point. OK les artistes n’ont pas à expliquer pourquoi ils font de l’art plutôt qu’autre chose. Parce que la réponse est simple : par vocation. Comme n’importe quel entrepreneur, en fait.

Mais j’aime bien que les artistes expliquent leur travail, par moment. Il m’est arrivé un jour de discuter avec un artiste souffleur de verre allemand vivant en Chine venu exposer dans mon bled français en parlant anglais comme deux taupes espagnoles ( pour changer de la vache ) ; ce fut… compliqué… de se comprendre, mais sans cet échange je n’aurais vu que des tubes en verre, et pas le mouvement, la danse, les gestes que le bonhomme induisait avec ses assemblages à la fois tortueux et harmonieux. Merci Bohort, il fallait bien y voir un élan.

Où voulais-je en venir avec tout ça ? Bah c’est simple : j’aime les crêpes.

J’en suis venue au même point : faire, juste faire. Peindre pour moi, arrêter d’intellectualiser, arrêter les explications tortueuses façon beaux-arts pour donner une profondeur… ça n’empêche pas qu’il y aura toujours un discours et une personnalité derrière chaque création (et c’est justement ce qui les rend humaines, et pas faites pas des IA 🙂 on a tous nos raisons et nos façons de nous exprimer dans ce qu’on fait). Mais je trouve qu’une oeuvre doit d’abord se suffire à elle-même. Soit elle te touche, soit elle ne te touche pas… et elle touchera d’autres gens. C’est avant tout une rencontre entre le créateur, et le spectateur, à travers cette création.

Ça ne m’empêche pas d’avoir compris les démarches d’artistes qui ne me touchaient pas en discutant avec eux, mais mes vrais coups de coeurs, c’est là où il y a eu une connexion sans qu’il n’y ait eu besoin d’explication.

« Je suis fatiguée d’expliquer », c’est normal de l’avoir lu avec la voix de Stupéflip?

Les IA actuelles n’ont rien d’humain, il leur manque quelque chose de fondamental. Elles ne peuvent pas « remplacer » l’humain pas plus que le vélo peut remplacer le promeneur.
Il leur manque la volonté, le choix. Elles peuvent tout faire, mais ne savent pas quoi faire exactement.
Si ton seul talent est strictement manuel, comme tenir un crayon ou serrer des boulons, oui, c’est mort.
Mais si ton talent est d’être créatif dans le sens où ta création parle à quelqu’un, raconte une histoire, porte un message, alors oui cela a un sens, tu ne peux pas être remplacé puisque tu restes le porteur de ce message.
Et alors, l’IA n’est qu’un outil, comme la tablette, ou le crayon.
Si tu as passé des années à maîtriser ta tenue du crayon ou l’usage de la tablette, c’est moche. Mais si tu as passé des années à créer ton style (graphique, mais aussi le ton, l’univers…) alors tu restes le porteur de ce style.

Mais du coup, ce qui distingue un créateur d’une IA, c’est justement le message !!! Donc non, il ne peut pas dire qu’il fait son truc random dans son coin. L’IA pourrait aussi faire des trucs random. C’est bien le lien qui va l’unir à son public et le message qu’il veut porter.
Si l’artiste n’a plus rien à dire, ne crée rien de nouveau, alors juste son dessin a peu d’intérêt.

Sur le plus long terme, ça changera encore, les machines continueront indéfiniment à prendre en charge des tâches d’un niveau supérieur, en gagnant une autonomie progressivement supérieure aux humains. Mais même ainsi, ça ne veut pas dire la mort des artistes… Au contraire, il ne restera plus que ça à faire.
Mais si ça vous fait peur, je vous recommande la lecture de Ian Banks (le cycle de la culture). Vous verrez que l’avenir de l’humanité n’a pas de raisons d’être triste.

Salut Souillon et Becky,

Je suis tombé sur votre échange avec Davy Mourier durant votre interview par Fred Molas.
La simplicité et la gentillesse qui émanent de Souillon est toujours désarmante et la confrontation de vos points de vue fut extrêmement intéressante.

Mourier défendait l’IA car suivant le même credo qui l’anime depuis 20 ans: « je peux mourir demain, je dois produire, donc l’IA m’aide en faisant les dessins à ma place ».

De son côté, Souillon est un technicien chevronné qui prend plaisir à l’action de créer. Je crois que c’était dans Berserk: « Pourquoi es-tu devenu forgeron ? – J’aime faire des étincelles. » Il est tout naturel qu’un algorithme de plagiat ne l’enchante guère.

Mais votre clivage a vraiment résonné sur ‘moi j’ai pas d’gosse, je dois créer’. En fondant une famille, Souillon assume le principe de réalité et un papa, ça se méfie des belles théories, de l’intellectualisation, des déconstructions: on doit ramener de la nourriture sur la table, point barre, et l’IA est un obstacle à cela sur le long terme, pas un simple outil.

Bossant dans un domaine technique, je suis ébahi chaque jour que Dieu fait par les lacunes de ce joujou (GPT4 et Grok3), capable de te répondre immédiatement avec aplomb, mais une fois les sources étudiées, de se rendre compte qu’elle ne SAIT PAS lire des publications scientifiques, confondant des mots, interprétant mal, extrapolant des erreurs…

Bref, je suis dans votre équipe du ‘faîtes avec’, les réacs du numériques.

Bisous

bonjour je suis un grand fan !! est ce que fang existe vraiment ??

En un sens, le strip fait plutôt bien le boulot en matière de pédagogie. Comme on dit, un bon dessin vaut mieux qu’un long discours.