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Tribune pour un roman

- Strip n°485

Salut tout le monde !


Grande nouvelle ! Le 3ème tome de mon roman sort DEMAIN (10 octobre) dans toutes les bonnes librairies !


Intitulé « Des milliers de murmures », il se situe toujours à l’époque où j’étais au collège avec Sarah, Ranjit et Vlad. Ambiance vintage garantie sans téléphones portables. Rien que de bons vieux agendas papier, des baladeurs auto-reverse et Internet qui pointe tout juste le bout de son modem 28k.


C'est vrai, j'ai dit ça à l'époque...


Cette fois-ci, nous avions eu affaire à une brume zombifiante plutôt récalcitrante, mais je ne vous en dis pas plus, vous pouvez lire le pitch et un chapitre sur le site officiel : Maliki.com/roman

Ce tome boucle également le cycle de Poison, ainsi que l’année scolaire. Promis, il ne se termine pas en énorme cliffhanger, comme j’aime maladivement le faire d’habitude.

Cette sortie est aussi l’occasion pour moi de faire un « petit » (je plaisante, c’est un pavé !) bilan de cette expérience dans le roman jeunesse.

Les plus fidèles le savent, j’ai pris l’habitude de produire une bande annonce animée (comme ça par exemple) pour la sortie de mes livres.
J’adore ça, même si je galère.
Mais pour celui-ci, je n’en ai pas faite. Je n’ai pas trouvé la force.

Pourquoi ?


Ce n’est pas  un manque d’intérêt de ma part pour ce projet, au contraire. Ecrire ce nouveau roman m’a demandé beaucoup d’énergie, de temps, et je l’ai fait avec beaucoup d’enthousiasme. Je crois bien que j’aime écrire autant que j’aime dessiner, si ce n’est plus.

Mais pour être honnête, ma joie que ce livre sorte enfin est un peu en demi-teinte. Car malgré l’envie que j’ai de vous le faire découvrir, après 2 autres romans déjà parus, je connais déjà plus ou moins son destin. Et je crois que ça me blase un peu.

Quand j’ai commencé à écrire du roman, je me suis dit : C’est génial, le roman a l’air toujours bien mieux considéré que la BD. Peut-être que ce sera plus facile d’avoir une peu de promo, une meilleure visibilité, une meilleure rémunération, d’être plus prise au sérieux...


Haha. Tendre naïveté !


Déjà, officiellement, je fais du roman « jeunesse » et non pas du roman « tout court ». Dans le milieu de l’édition, ÇA N’A RIEN A VOIR !



Du roman « jeunesse » ? De qui se moque-t-on ?
Déjà, c’est super fastoche à écrire, parce que c’est pour les enfants/ado, donc pas la peine d’en faire des caisses et d’être Bernard Werber. N’importe qui peut y arriver. La preuve, je suis auteur de BD à la base et on m’a laissé faire. En plus, y’a souvent des images, les thématiques sont bêbêtes, c’est de l’aventure... Et puis le raccourci est vite pris : Si on écrit pour les enfants, c'est qu'on est encore un peu un enfant.  Bref, quand vous êtes estampillé « jeunesse », soyons honnêtes, vous êtes un sous-auteur (y'a des exceptions bien sûr). Et à ce titre, vous êtes sous-payé, sous-considéré,  sous-exposé, et sous la pile des autres sorties en librairie.



Alors oui, même si j’ai toujours un petit espoir enfoui quelque part dans ce qui me reste d’optimisme (faut chercher !), je connais le destin de mon roman chéri. Comme la plupart des nouveautés qui inondent le marché, il va se retrouver posé en rayon une semaine, et disparaîtra la semaine suivante dans les limbes de la confidentialité.
Une semaine pour convaincre.
Peut-être deux...
Pour un travail qui m’a pris grosso-modo neuf mois sans compter mes heures, pour lequel j’ai aussi dessiné la couverture, et une trentaine d’illustrations, le tout pour 4000€ d’avances sur droits (que je dois rembourser après sur les ventes, faut pas déconner !) à coups de 6% du prix de vente par livre vendu (et 3% pour la version poche, ben oui, c’est plus petit !). J'ai beau savoir que c'est ainsi, ça me fait quand même halluciner. Et parce que c’est « jeunesse » et « qu’on a toujours fait comme ça », bien sûr, c’est non-négociable. Croyez moi, j’ai essayé. Et tout ça, je le savais pertinemment en signant.



Je suis auteur depuis 14 ans. J’ai la chance inouïe d’avoir des mécènes et le soutien de ma communauté, et mes œuvres en autoédition pour me permettre d’entreprendre de tels projets à perte, je ne suis pas à plaindre. Mais imaginez la vie des auteurs qui débutent et tentent de vivre avec 444€ bruts par mois. Alors oui, pour le coup, j’ai vraiment fait ce projet par passion, mais j’ai honte car je  montre un très mauvais exemple en continuant à signer ce type de contrat.

Certains me diront : « Ah mais c’est la sélection naturelle ça ! Si un roman ne trouve pas son public, c’est parce qu’il n’est pas bon. Le darwinisme s’applique aussi au monde impitoyable de l’édition. »

Si seulement...
Si seulement ce n’était qu’une question de qualité ! Là, ce serait une sentence que je pourrais entendre.

Mais mes pauvres amis, la qualité d’une œuvre, c’est SECONDAIRE.
Un gros éditeur sort des dizaines de titres par mois. Parfois plus. Sur cette pléthore de titres, il va décider de miser gros sur un ou deux auteurs sûrs ou prometteurs. Les autres ? Ils servent à gonfler la masse des faire-valoir. Ceux-là n’auront pas d’article dans la presse, n’iront pas sur des plateaux télé, n’auront pas un présentoir géant à l’entrée de tous les supermarchés.
Parce qu’ils sont moins bons ?
Non.
Parce que personne, dans ce petit microcosme qui est pourtant venu les chercher, ne croit en eux. Je suis persuadée que si l’éditeur ne débourse pas un centime  pour faire connaître une œuvre, aussi magistrale soit-elle, s’il ne fait pas chauffer à blanc son service de presse avec les relations qui vont bien, et si le diffuseur n’a pas un intérêt quelconque à défendre ce titre, alors il ne décollera jamais. Il ne « trouvera pas son public », car ce n’est pas l’auteur, maintenu dans le noir, qui est en capacité de le trouver. Il ne contrôle aucun canal de diffusion et dans sa misère, n’a pas les moyens financiers pour ça.

Comment une œuvre pourrait-elle trouver son public si personne n’en entend jamais parler ? Malgré ma communauté et ma présence constante sur les réseaux, je sais que plus de la moitié des gens qui ATTENDENT ce roman et VEULENT le lire ne verront même pas l’info de sa sortie.

Même les réseaux sociaux, qui nous ont permis un temps de contourner les autoroutes habituelles exigent désormais qu’on paie. J’ai 87 000 personnes qui me suivent sur ma page Facebook. 87 000 personnes qui ont cliqué en disant « oui, je veux voir les infos de cette page, ça m’intéresse ». Et bien si moi, je décide d’écrire « coucou » sur ma page Facebook et que je veux que ces 87 000 personnes le voient, je dois débourser au minimum 400€ par JOUR, pour espérer toucher entre 8 900 et 37 000 personnes maximum. Et pas des inconnus hein, juste mes abonnés !
Si je ne paie pas ? Seule une poignée d’abonnés verra mon "coucou" s’afficher au milieu des publications filtrées et sponsorisées. Et c’est la même tisane sur Twitter ou Youtube. Les réseaux se sont rendus indispensables, et désormais nous rackettent paisiblement.



Alors un jeune auteur talentueux et inconnu, sans relations, sans communauté, sans argent, qui trouve son public ? Im-po-ssible si l’éditeur qui l’accueille ne se sort pas les doigts, du porte-monnaie pour commencer. Autant jeter une bouteille à la mer en guise de communication.


 

J’ai l’air d’en rajouter avec mon manque de considération de la chaîne du livre pour ses auteurs ?
Tenez, voici quelques brèves cocasses sur les coulisses de ce tome 3, qui s'est pourtant dans l'ensemble bien passé.

- Figurez-vous que j’ai appris la date de sortie de mon roman sur les sites de vente en ligne. Oui. Personne n’avait pensé à me prévenir.
- D’ailleurs, à deux jours de la sortie, le visuel de la couverture n’est même pas sur Amazon ou Cultura. Regardez comme c’est vendeur !


Edit : Quelqu'un semble avoir mis à jour suite à cette note, merci ;)


- Sur tous les sites de vente, il est indiqué que le roman fait 400 pages. Alors qu’en vrai, il en fait 530. Un détail j’imagine.
- A ce jour, malgré mes relances, je n’ai reçu aucune nouvelle du service communication de mon éditeur, pour me dire si quelque chose était prévu pour la sortie. Il y a peut-être quelque chose hein ! Après tout, j'avais eu un peu de pub sur le tome 2 et les gens que j'avais en contact étaient sympa. Simplement, cette fois il n'est visiblement pas utile de me tenir au courant. Par rapport à mes débuts, je constate que les auteurs sont de moins en moins mis dans la boucle, comme si ça ne les intéressait/regardait pas.
On m’a juste demandé à un moment « Tu penses faire une bande-annonce comme les autres fois ? Si oui, ce serait bien qu’elle soit terminée pour septembre ».
J’étais lasse. Tellement lasse que tout semble devenu à ma charge. J’ai créé le site officiel du roman, je le tiens à jour, je vais en dédicaces, je fais de la com sur les réseaux...
Et maintenant cette habitude des bandes-annonces.
J’ai fait remarquer que ce genre de travail, en principe, ça se rémunère. Entre le temps de réalisation, les compétences requises, la rémunération de la comédienne qui fait la voix, j’explose déjà le budget du livre en lui-même. J’ai quand même demandé s’il y avait un budget pour le faire. On m’a répondu que non.

- Pour mon tome précédent, quelqu'un m’avait même dit : « Oh tu sais, c’est un tome 2. Ça sert pas à grand-chose de faire de la com sur un tome 2. ». C'est peut-être vrai, j'en sais rien ? Mais ça coûte quoi, un peu d'enthousiasme face à l'auteur qui a mis un an à pondre son oeuvre ? Ça m’a rappelé les mois terribles passés à réaliser ce pilote du dessin animé Maliki, pour m’entendre dire avant le départ pour Annecy « Oui, bon, on va essayer de le présenter, mais de toute façon j’y crois pas ».

- Allez, un dernier pour la route ? Il y a quelques jours, quand j’ai reçu mes exemplaires auteur chez moi, expédiés à la mauvaise adresse (merci à ma factrice d’avoir intercepté le colis avant qu’il ne reparte), j’ai découvert que le pantone utilisé pour la bichromie des illustrations était turquoise au lieu d’être rose, ce qui change un touuuut petit peu les ambiances que j’avais bossées et validées sur le BAT.


« C’est l’imprimeur qui s’est trompé » m’a-t-on dit.
OK. Tant pis. Que voulez-vous dire ? On va pas foutre 6 tonnes de livres à la benne et réimprimer parce qu’aucun être humain n’était présent pour vérifier les feuilles au calage machine. J’ai pourtant connu un temps où ça se faisait, d'aller aux calages, et même d'y convier les auteurs. Mais je prends sur moi, encore. C’est un détail. Personne ne le verra de toute façon. Juste moi...

Voilà, c’est ça, publier un livre auquel on croit. Et la liste est loin d’être exhaustive, je vous ai épargné quelques détails sordides. C’est un amoncellement de petites déceptions et de petites désillusions qui viennent miner votre bel enthousiasme et vos efforts. Personne n’est méchant avec vous hein ! Indépendamment, les gens avec qui j’ai bossé sont même plutôt bienveillants, mais ils sont tous remplaçables, éjectables, et travaillent pour une énorme machine qui ne sait même pas que vous existez. Et votre roman, qui est tellement important pour vous... Vous avez au fond l’impression de le cramer avec tous les autres, dans la fournaise de la locomotive qui se barre sans vous.

Vous allez me dire : « Ben pourquoi t’as pas sorti le livre en autoédition, comme tu fais maintenant, au lieu de faire ta Drama Queen aujourd'hui !? »
...
Vous voulez rire ?

C’est parce que j’avais promis...


J’avais promis, à mon éditrice, que je ferai le 3ème tome du roman chez eux. Couillon non ?
Depuis, cette éditrice a été remplacée. Plusieurs fois. Je n’avais pas encore commencé à bosser sur le roman que j’avais reçu 2 fois des mails de présentation d’une nouvelle éditrice qui « prenait le relai » sur Maliki, puis se faisait remplacer quelques semaines après. A chaque fois, ces personnes me demandaient qui j’étais. Je devais leur résumer les livres déjà parus, leur donner des chiffres sur ma communauté, mes ventes (comme si on me communiquait tous les chiffres !). Elles n’avaient rien lu de moi. N’avait même pas ouvert ma page wikipédia. Et hop, elles disparaissaient.

J’aurais pu rompre ma promesse, c’est vrai. Qui restait-il, dans ce jeu de chaises musicales, pour s’en souvenir ou prendre la peine d’exhumer de vieux contrats ?
Il restait les lecteurs, enthousiastes et passionnés. Des enfants, des adultes, ceux qui viennent me voir en dédicace les yeux brillants en me demandant quand sort la suite, en m’expliquant fébrilement leurs théories sur ce qui va se passer dans le prochain tome. Et moi, qui essaie de ne pas sourire quand ils tombent juste.

Alors voilà, d’un côté j’ai tellement envie que vous lisiez ce roman, de vous prouver que j’ai travaillé dur dessus, et que si ce n’est probablement ni parfait ni magistral, c’est au moins complètement sincère et majeur dans l’univers Maliki. Que je l’ai écrit pour TOUS les publics, et pas seulement pour « la jeunesse », cette expression qui n’a aucun sens.
Et d’un autre côté, je n’ai plus envie de me (dé)battre dans ce panier de crabes. Donc, à moins que le statut des auteurs se transforme radicalement, à force de luttes et de coups de gueule comme celui-ci, ce sera le dernier roman que je publierai à compte d’éditeur.



Je m’excuse, car ce n’est vraiment pas l’annonce de sortie la plus vendeuse que j’ai pu faire pour un de mes livres. A la base je voulais juste vous expliquer pourquoi je n'avais pas fait de bande annonce cette fois-ci... Mais je ne serais pas si amère si je m’en foutais. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que ça me prend aux tripes. Ce n’est pas une réaction à chaud, c’est mûri, pourri, ça me gangrène et me sape au quotidien. Et même si ça ressemble à un sabordage, si ça peut ouvrir un peu les yeux du public (et des institutions, on peut rêver) sur la réalité du métier d’auteur, alors ce sera toujours ça de pris.

Et si vous voulez vraiment me faire plaisir : Considérez simplement l’idée d’essayer de lire mon roman. Peu m’importe que vous l’achetiez ou que vous l’empruntiez dans une médiathèque ou à un ami. Ce qui m’importe, c’est que vous passiez un bon moment, et que vous vous évadiez un jour ou deux, comme je me suis évadée en l’écrivant.
Et si vous avez aimé, laissez-moi un petit mot.
Ou dites-le à votre libraire.
Offrez-le à un ami.
Ou laissez un avis si vous l’avez acheté en ligne.
Vous illuminerez ma journée et ramènerez un peu d’humanité et de simplicité dans un secteur qui en a bien besoin.


Des bises.
Courage, espoir !

Mali

PS : je vous mets quelques liens pour le commander en ligne (mais n'hésitez pas à le demander en priorité auprès de votre libraire préféré !) :

Pages des libraires
FNAC
e-lerclec
Cultura
Amazon de Satan

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Commentaires :

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Redknox Le à , a écrit :

Et bien, c’est bien
Moi qui voulais dans un avenir proche tentait de publier un livre, ça calme l’enthousiasme

Brou07 Le à , a écrit :

Waah. Je te dois un grand merci.
Merci d’avoir partagé ton expérience, tes regrets et tes emm****.
J’ai le sentiment d’être passé à un cheveu d’un gouffre…Brrr.

Aussi, j’ai envie de dire que ton honnêteté est la meilleure des publicité: après avoir lu ce post, j’ai une sacrée envie de rattraper mon retard de lecture ^^

Courage!

Atalis14 Le à , a écrit :

Mi-sé-ricorde!! je me doutais bien que « il y a quelque chose de pourri au royaume de l’édition »(référence à « Last Action Hero »); mais wouah!! c’est la GUEEEEEEEEEEERRRE dans ce milieu ! Oo Sois tranquille, tes livres sont le support des jeunes de tes fans de la première heure qui te suivaient déjà sur ton blog, et BIEN SÛR que tout les fans aussi fidèles et touchés de ta détresse(car c’en est une) se feront une joie de te faire de la promo gratuite!! tu nous offre de la joie , des émotions, de l’espoir, tu nous ouvres une porte sur ton âme(d’enfant ?^^), alors comment pourrais -on délaisser une occasion de te rendre le milliardième de reconnaissance amplement méritée à laquelle tu as droit ?! prends de bonnes vacances bien méritées (après t’être de nouveau ouvert les veines sur ton travail d’animation, on te connait ^^) et réfléchis à la responsabilité des fans envers toi (on ne parle même plus des éditeurs à ce stade), car si un créateur se dois de faire vivre sa création(réf à un rêve ^^), les fans on aussi un devoir envers leur muse au quotidien, tu es une boussole morale et un exemple de lutte de droit à l’existence dans un univers pourrissant et moribond(vivement le point de bascule dans la politique mondiale, quand les peuples auront suffisamment marre de leurs goliers, à qui ils ont offerts les clefs de leurs chaînes)!!

Naivis Le à , a écrit :

Ah oui en effet ca donne pas envie de publier un livre..courage Mali et penses à tous ceux qui croient en toi 🙂

Atalis14 Le à , a écrit :

PS: je viens de me rendre compte que j’ai oublié ce qui est pourtant le plus important: MERCI ENCORE pour ton dévouement à notre amusement , BRAVO pour avoir réussi le tour de force de tout terminer suffisamment à temps pour avoir la satisfaction en demi-teinte de présenter un travail à peu près aussi extraordinaire que ce que tu as imaginé(avec les suggestions de Becky et les encouragements de ta grande « Maliki family »^^)et BONNE CHANCE et COURAGE pour la suite =)

Nathalie Le Gendre Le à , a écrit :

Voilà, tout est dit, tout ce que nous vivons, nous, pauvres petits auteurs pour la « jeunesse »…
Voilà pourquoi certains baissent les bras, les plus « vieux », ceux qui ont déjà pris de nombreux coups de bâtons mais qui, malgré tout, ont persisté parce qu’ils y croyaient.
Voilà pourquoi bientôt, moi aussi, je lâcherai ma plume, dégoûtée, exténuée face à ces machines impitoyables et sans respect du travail acharné de l’artiste qui se bouffe les doigts de faim et de froid.
Merci Maliki

Aurore B. Le à , a écrit :

Je plussoie TELLEMENT. Je me rêvais écrivain depuis toute petite, et j’ai enfin réussi à publier mon premier roman il y a deux ans. Dire que ça ne c’est pas passé comme je le rêvais serait faible. Pas d’avaloir, pas de pub, une seule signature en librairie (trouvée par moi) aucune info et transparence de la part de la maison d’édition, des mails restés sans réponse quand on pose des questions ou qu’on demande ses droit d’auteurs…. Bref, la base. En tout j’aurais touché 500 euros pour un roman que j’ai passé des mois à écrire, récrire, corriger, et je n’arrive pas à trouver d’éditeurs pour les suivants, bref la Lose Alors j’en viens à penser à m’auto éditer chez le grand méchant Amazon, ce qui me pose quelques problèmes d’éthique vu que je suis aussi libraire à l’occasion. Mais les auteurs n’auraient pas à faire ça si les éditeurs faisaient encore correctement leur boulot et ne traitaient pas les auteurs comme de la merde. Pardon de raconter ma vie mais ton article a ravivé plein de choses haha, et je trouve ça bien que tu en parles, qu’un maximum d’auteurs en parlent pour peut être un jour faire bouger les choses. Quoi qu’il en soit je te souhaite plein de succès avec ce troisième roman jeunesse, et encore merci de parler de la réalité derrière le rêve Amicalement, Aurore.

Kira Le à , a écrit :

Question bete: Faire juste versión kindle? C’est pas pareil, on est d’accord, c’est bien mieux les bouquins papier… Mais peut être plus facile à sortir au grand public. No?

Lucie Le à , a écrit :

Hello there ! Je te suis depuis de nombreuses années, j’ai fait partie des premiers mécènes et je vais partager ton texte. Tout comme je l’avais fait avec celui de Laurel. Votre statut est indigeste. Courage ! On vous aime, on vous lit. Keep coing. Bises.

Pandemonium Le à , a écrit :

Je vous découvre avec cette tribune, piqué par la curiosité je me suis empressé d acheter le premier tome pour vous découvrir.
Et je ne suis absolument pas déçu de vous lire j’ai dévoré votre oeuvre (pourtant je ne suis plus un jeune au sens propre) et je vais vous suivre car pour moi vous avez du talent.
Cela reste dommage pour le monde des auteurs ce qu il se passe mais tous les auteurs qui «se rebelle» forcent le respect et devrait etre mis en avant.
Il est certains que sans cette tribune je ne vous aurais jamais lu a mon grand regret.
Merci pour ce moment et a bientôt

Peuwi Le à , a écrit :

Sincèrement désolé pour vous … Mais ce n’est hélas pas surprenant.
Ce n’est d’ailleurs pas lié qu’à l’édition. Ce constat est global. Ce « darwinisme » est global, commun à toutes les entreprises, à toutes les domaines, à toutes les cultures modernes. Il touche indifféremment le plus petit boutiquier aux plus grandes civilisations.
« Marche, ou crève »
Pour bien comprendre : il touche l’éditeur, il touche le revendeur. Sans ton livre, ils crèveront.
Sans notre compte, Facebook crèvera.
Sans notre vote, la démocratie crèvera.
Sans notre argent, l’économie crèvera.
Sans nous, notre culture crèvera.

La différence, c’est que notre époque nous offre une formidable opportunité de ne plus jouer le jeu selon ces règles.
Ce ne sont pas de petits gestes, ou de belles discutions qui changeraient les choses, mais un changement de paradigme profond.
Car si ce système ne convient pas, on PEUT le faire crever, il est pratiquement prévu pour.
…Il y a 15 ans, en voyant la fronde des majors de la musique contre le piratage, j’ai décidé de ne plus JAMAIS acheter un seul CD (ce qui est par ailleurs bien chiant pour les cadeaux de noel).
Apparemment, je ne suis pas le seul.
Apparemment, la musique, elle, n’a pas disparue.

Dans votre cas, il se trouve que vous avez déjà une grosse partie de la solution avec tipeee.

Pour en revenir à ce roman, les plus beaux romans que j’aie lu, ceux dont je me souviendrais le plus longtemps et qui m’auront apporté le plus, AUCUN n’est publié. AUCUN n’était sur papier. Le premier datait déjà des années 2000.
Je suis convaincu que le livre va suivre le même chemin que le journal et le télégramme. C’était nécessaire à une époque, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Vous vivrez pour voir la même chose arriver à la BD. Le succès du blog en est la preuve.
Le seul danger de la dématérialisation, c’est la pérennité du support, à assurer d’une façon ou d’une autre.

Ce n’est même pas une démarche militante, c’est juste du raisonnement. Le système actuel ne contraint personne.
Si les auteurs ne sont pas suffisamment rémunérés, ils ne doivent s’y inscrire : soit c’est ce que les éditeur leur demande sans le dire directement (méthode de la mise au « placard »), soit c’est que leur processus est inefficient, et doit donc mourir (ou se transformer, cela revient au même).

Bref, félicitations pour la sortie de cet ouvrage, et bon courage pour la transformation à venir !!!

Alfred Le à , a écrit :

Moui….
Bien emm€rdé pour toi comme pour pas mal d’auteurs.

Plusieurs réactions.

A ceux qui prétendent qu’un roman jeunesse est plus facile à faire qu’un roman adulte, non.
Un BON roman jeunesse est au moins aussi dur à faire qu’un bon roman adulte.
Un bon roman, c’est celui dont tu te souviens encore 20ans plus tard. Que tu relis avec une pointe de nostalgie.
Reste que le milieu est peut-être féroce, avec querelles d’egos plus gros que leur Q. Auquel s’ajoute des problèmes de fric. Je suppose que c’est la même chose qu’entre les blog BD et les dessinateurs sans blog (et encore, ça évolue).

Le fait est que les noms vendent. Appelle toi, au pif, BLH, et ton pavé peut être truffé de fautes d’orthographes, écrit par des nègres, ça vendra. Or les éditeurs modernes, face à la pléthore d’écrivain et le besoin de rentrée de fric ne s’embêtent plus à sélectionner.
Par le passé, de grands auteurs ont eu la chance d’être lu alors que leur œuvre allait être jetée à la poubelle et on se souvient encore d’eux aujourd’hui.
Ce sont « Les loups » de Guy Mazeline qui obtint le prix Goncourt en 1932. Mais c’est « Voyage au bout de la nuit » de Céline, perdant du prix, dont on se souvient.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui, sauf exception. Il faut être « bankable » avant d’être bon écrivain.

D’où mes propos suivants:
 » J’avais promis, à mon éditrice, que je ferai le 3ème tome du roman chez eux. Couillon non ? »
Oui, co(uillo)n. Enfin…
Tu avais fais une promesse à cette éditrice et c’était honorable. Surtout si elle t’avait respectée autant que tu la respectais. A partir du moment où ça a été la valse des éditrices, le « contrat » était rompu, tu n’avais plus à tenir ta promesse.
Si tu respectes les gens qui te respectent, c’est bien. Mais si tu commences à respecter les gens qui te manipulent tu deviens au mieux une bonne poire, au pire une personne (très) aigrie. Que personne ne respecte plus. Et j’ai comme l’impression que c’est ce qui s’est passé.

C’est facile à dire de mon fauteuil, derrière mon PC, j’admets. Mais c’est férocement vrai. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient et dans le monde de la « vente » (au sens large), si une promesse n’est pas faite par écrit dans le cadre de la loi avec de bons avocats derrière, elle ne vaut rien.

Bon courage pour la suite et promis, si je tombe sur ton bouquin j’y jetterai un oeil même si c’est pas mon style.

Ji Le à , a écrit :

Bonjour,
Je ne te connais pas, et je ne lis plus de « romans jeunesse » (quoi que ça veuille dire réellement) depuis un long moment. Mais j’ai croisé cet article par un partage sur FB, et je voulais témoigner mon soutien. C’est un crève-cœur de lire ta désillusion, ta déception. Ce manque de respect est rageant. Courage à toi.
J’espère que tu vivras de meilleures expériences dans le futur, que ce soit en auto-édition ou auprès d’un éditeur respectueux – et respectable !
Bon courage et bonne continuation 🙂

Lala Le à , a écrit :

J’attendais la suite avec grande impatience. Bien que l’on parle de littérature jeunesse l’histoire et les personnages m’ont touché. J’ai été très émue par l’histoire entre Poison et le vieux mr bourru :). On est sur des personnages qui ont une belle profondeur et que l’on a envie de connaître toujours plus. J’ai hâte de le lire. Merci pour ton travail !

Daft Le à , a écrit :

J’ai quitté le monde de l’édition il y a 15 ans environ pour ces même raisons et je vois que malheureusement rien a changé. .. : /

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