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Tribune pour un roman

- Strip n°485

Salut tout le monde !


Grande nouvelle ! Le 3ème tome de mon roman sort DEMAIN (10 octobre) dans toutes les bonnes librairies !


Intitulé « Des milliers de murmures », il se situe toujours à l’époque où j’étais au collège avec Sarah, Ranjit et Vlad. Ambiance vintage garantie sans téléphones portables. Rien que de bons vieux agendas papier, des baladeurs auto-reverse et Internet qui pointe tout juste le bout de son modem 28k.


C'est vrai, j'ai dit ça à l'époque...


Cette fois-ci, nous avions eu affaire à une brume zombifiante plutôt récalcitrante, mais je ne vous en dis pas plus, vous pouvez lire le pitch et un chapitre sur le site officiel : Maliki.com/roman

Ce tome boucle également le cycle de Poison, ainsi que l’année scolaire. Promis, il ne se termine pas en énorme cliffhanger, comme j’aime maladivement le faire d’habitude.

Cette sortie est aussi l’occasion pour moi de faire un « petit » (je plaisante, c’est un pavé !) bilan de cette expérience dans le roman jeunesse.

Les plus fidèles le savent, j’ai pris l’habitude de produire une bande annonce animée (comme ça par exemple) pour la sortie de mes livres.
J’adore ça, même si je galère.
Mais pour celui-ci, je n’en ai pas faite. Je n’ai pas trouvé la force.

Pourquoi ?


Ce n’est pas  un manque d’intérêt de ma part pour ce projet, au contraire. Ecrire ce nouveau roman m’a demandé beaucoup d’énergie, de temps, et je l’ai fait avec beaucoup d’enthousiasme. Je crois bien que j’aime écrire autant que j’aime dessiner, si ce n’est plus.

Mais pour être honnête, ma joie que ce livre sorte enfin est un peu en demi-teinte. Car malgré l’envie que j’ai de vous le faire découvrir, après 2 autres romans déjà parus, je connais déjà plus ou moins son destin. Et je crois que ça me blase un peu.

Quand j’ai commencé à écrire du roman, je me suis dit : C’est génial, le roman a l’air toujours bien mieux considéré que la BD. Peut-être que ce sera plus facile d’avoir une peu de promo, une meilleure visibilité, une meilleure rémunération, d’être plus prise au sérieux...


Haha. Tendre naïveté !


Déjà, officiellement, je fais du roman « jeunesse » et non pas du roman « tout court ». Dans le milieu de l’édition, ÇA N’A RIEN A VOIR !



Du roman « jeunesse » ? De qui se moque-t-on ?
Déjà, c’est super fastoche à écrire, parce que c’est pour les enfants/ado, donc pas la peine d’en faire des caisses et d’être Bernard Werber. N’importe qui peut y arriver. La preuve, je suis auteur de BD à la base et on m’a laissé faire. En plus, y’a souvent des images, les thématiques sont bêbêtes, c’est de l’aventure... Et puis le raccourci est vite pris : Si on écrit pour les enfants, c'est qu'on est encore un peu un enfant.  Bref, quand vous êtes estampillé « jeunesse », soyons honnêtes, vous êtes un sous-auteur (y'a des exceptions bien sûr). Et à ce titre, vous êtes sous-payé, sous-considéré,  sous-exposé, et sous la pile des autres sorties en librairie.



Alors oui, même si j’ai toujours un petit espoir enfoui quelque part dans ce qui me reste d’optimisme (faut chercher !), je connais le destin de mon roman chéri. Comme la plupart des nouveautés qui inondent le marché, il va se retrouver posé en rayon une semaine, et disparaîtra la semaine suivante dans les limbes de la confidentialité.
Une semaine pour convaincre.
Peut-être deux...
Pour un travail qui m’a pris grosso-modo neuf mois sans compter mes heures, pour lequel j’ai aussi dessiné la couverture, et une trentaine d’illustrations, le tout pour 4000€ d’avances sur droits (que je dois rembourser après sur les ventes, faut pas déconner !) à coups de 6% du prix de vente par livre vendu (et 3% pour la version poche, ben oui, c’est plus petit !). J'ai beau savoir que c'est ainsi, ça me fait quand même halluciner. Et parce que c’est « jeunesse » et « qu’on a toujours fait comme ça », bien sûr, c’est non-négociable. Croyez moi, j’ai essayé. Et tout ça, je le savais pertinemment en signant.



Je suis auteur depuis 14 ans. J’ai la chance inouïe d’avoir des mécènes et le soutien de ma communauté, et mes œuvres en autoédition pour me permettre d’entreprendre de tels projets à perte, je ne suis pas à plaindre. Mais imaginez la vie des auteurs qui débutent et tentent de vivre avec 444€ bruts par mois. Alors oui, pour le coup, j’ai vraiment fait ce projet par passion, mais j’ai honte car je  montre un très mauvais exemple en continuant à signer ce type de contrat.

Certains me diront : « Ah mais c’est la sélection naturelle ça ! Si un roman ne trouve pas son public, c’est parce qu’il n’est pas bon. Le darwinisme s’applique aussi au monde impitoyable de l’édition. »

Si seulement...
Si seulement ce n’était qu’une question de qualité ! Là, ce serait une sentence que je pourrais entendre.

Mais mes pauvres amis, la qualité d’une œuvre, c’est SECONDAIRE.
Un gros éditeur sort des dizaines de titres par mois. Parfois plus. Sur cette pléthore de titres, il va décider de miser gros sur un ou deux auteurs sûrs ou prometteurs. Les autres ? Ils servent à gonfler la masse des faire-valoir. Ceux-là n’auront pas d’article dans la presse, n’iront pas sur des plateaux télé, n’auront pas un présentoir géant à l’entrée de tous les supermarchés.
Parce qu’ils sont moins bons ?
Non.
Parce que personne, dans ce petit microcosme qui est pourtant venu les chercher, ne croit en eux. Je suis persuadée que si l’éditeur ne débourse pas un centime  pour faire connaître une œuvre, aussi magistrale soit-elle, s’il ne fait pas chauffer à blanc son service de presse avec les relations qui vont bien, et si le diffuseur n’a pas un intérêt quelconque à défendre ce titre, alors il ne décollera jamais. Il ne « trouvera pas son public », car ce n’est pas l’auteur, maintenu dans le noir, qui est en capacité de le trouver. Il ne contrôle aucun canal de diffusion et dans sa misère, n’a pas les moyens financiers pour ça.

Comment une œuvre pourrait-elle trouver son public si personne n’en entend jamais parler ? Malgré ma communauté et ma présence constante sur les réseaux, je sais que plus de la moitié des gens qui ATTENDENT ce roman et VEULENT le lire ne verront même pas l’info de sa sortie.

Même les réseaux sociaux, qui nous ont permis un temps de contourner les autoroutes habituelles exigent désormais qu’on paie. J’ai 87 000 personnes qui me suivent sur ma page Facebook. 87 000 personnes qui ont cliqué en disant « oui, je veux voir les infos de cette page, ça m’intéresse ». Et bien si moi, je décide d’écrire « coucou » sur ma page Facebook et que je veux que ces 87 000 personnes le voient, je dois débourser au minimum 400€ par JOUR, pour espérer toucher entre 8 900 et 37 000 personnes maximum. Et pas des inconnus hein, juste mes abonnés !
Si je ne paie pas ? Seule une poignée d’abonnés verra mon "coucou" s’afficher au milieu des publications filtrées et sponsorisées. Et c’est la même tisane sur Twitter ou Youtube. Les réseaux se sont rendus indispensables, et désormais nous rackettent paisiblement.



Alors un jeune auteur talentueux et inconnu, sans relations, sans communauté, sans argent, qui trouve son public ? Im-po-ssible si l’éditeur qui l’accueille ne se sort pas les doigts, du porte-monnaie pour commencer. Autant jeter une bouteille à la mer en guise de communication.


 

J’ai l’air d’en rajouter avec mon manque de considération de la chaîne du livre pour ses auteurs ?
Tenez, voici quelques brèves cocasses sur les coulisses de ce tome 3, qui s'est pourtant dans l'ensemble bien passé.

- Figurez-vous que j’ai appris la date de sortie de mon roman sur les sites de vente en ligne. Oui. Personne n’avait pensé à me prévenir.
- D’ailleurs, à deux jours de la sortie, le visuel de la couverture n’est même pas sur Amazon ou Cultura. Regardez comme c’est vendeur !


Edit : Quelqu'un semble avoir mis à jour suite à cette note, merci ;)


- Sur tous les sites de vente, il est indiqué que le roman fait 400 pages. Alors qu’en vrai, il en fait 530. Un détail j’imagine.
- A ce jour, malgré mes relances, je n’ai reçu aucune nouvelle du service communication de mon éditeur, pour me dire si quelque chose était prévu pour la sortie. Il y a peut-être quelque chose hein ! Après tout, j'avais eu un peu de pub sur le tome 2 et les gens que j'avais en contact étaient sympa. Simplement, cette fois il n'est visiblement pas utile de me tenir au courant. Par rapport à mes débuts, je constate que les auteurs sont de moins en moins mis dans la boucle, comme si ça ne les intéressait/regardait pas.
On m’a juste demandé à un moment « Tu penses faire une bande-annonce comme les autres fois ? Si oui, ce serait bien qu’elle soit terminée pour septembre ».
J’étais lasse. Tellement lasse que tout semble devenu à ma charge. J’ai créé le site officiel du roman, je le tiens à jour, je vais en dédicaces, je fais de la com sur les réseaux...
Et maintenant cette habitude des bandes-annonces.
J’ai fait remarquer que ce genre de travail, en principe, ça se rémunère. Entre le temps de réalisation, les compétences requises, la rémunération de la comédienne qui fait la voix, j’explose déjà le budget du livre en lui-même. J’ai quand même demandé s’il y avait un budget pour le faire. On m’a répondu que non.

- Pour mon tome précédent, quelqu'un m’avait même dit : « Oh tu sais, c’est un tome 2. Ça sert pas à grand-chose de faire de la com sur un tome 2. ». C'est peut-être vrai, j'en sais rien ? Mais ça coûte quoi, un peu d'enthousiasme face à l'auteur qui a mis un an à pondre son oeuvre ? Ça m’a rappelé les mois terribles passés à réaliser ce pilote du dessin animé Maliki, pour m’entendre dire avant le départ pour Annecy « Oui, bon, on va essayer de le présenter, mais de toute façon j’y crois pas ».

- Allez, un dernier pour la route ? Il y a quelques jours, quand j’ai reçu mes exemplaires auteur chez moi, expédiés à la mauvaise adresse (merci à ma factrice d’avoir intercepté le colis avant qu’il ne reparte), j’ai découvert que le pantone utilisé pour la bichromie des illustrations était turquoise au lieu d’être rose, ce qui change un touuuut petit peu les ambiances que j’avais bossées et validées sur le BAT.


« C’est l’imprimeur qui s’est trompé » m’a-t-on dit.
OK. Tant pis. Que voulez-vous dire ? On va pas foutre 6 tonnes de livres à la benne et réimprimer parce qu’aucun être humain n’était présent pour vérifier les feuilles au calage machine. J’ai pourtant connu un temps où ça se faisait, d'aller aux calages, et même d'y convier les auteurs. Mais je prends sur moi, encore. C’est un détail. Personne ne le verra de toute façon. Juste moi...

Voilà, c’est ça, publier un livre auquel on croit. Et la liste est loin d’être exhaustive, je vous ai épargné quelques détails sordides. C’est un amoncellement de petites déceptions et de petites désillusions qui viennent miner votre bel enthousiasme et vos efforts. Personne n’est méchant avec vous hein ! Indépendamment, les gens avec qui j’ai bossé sont même plutôt bienveillants, mais ils sont tous remplaçables, éjectables, et travaillent pour une énorme machine qui ne sait même pas que vous existez. Et votre roman, qui est tellement important pour vous... Vous avez au fond l’impression de le cramer avec tous les autres, dans la fournaise de la locomotive qui se barre sans vous.

Vous allez me dire : « Ben pourquoi t’as pas sorti le livre en autoédition, comme tu fais maintenant, au lieu de faire ta Drama Queen aujourd'hui !? »
...
Vous voulez rire ?

C’est parce que j’avais promis...


J’avais promis, à mon éditrice, que je ferai le 3ème tome du roman chez eux. Couillon non ?
Depuis, cette éditrice a été remplacée. Plusieurs fois. Je n’avais pas encore commencé à bosser sur le roman que j’avais reçu 2 fois des mails de présentation d’une nouvelle éditrice qui « prenait le relai » sur Maliki, puis se faisait remplacer quelques semaines après. A chaque fois, ces personnes me demandaient qui j’étais. Je devais leur résumer les livres déjà parus, leur donner des chiffres sur ma communauté, mes ventes (comme si on me communiquait tous les chiffres !). Elles n’avaient rien lu de moi. N’avait même pas ouvert ma page wikipédia. Et hop, elles disparaissaient.

J’aurais pu rompre ma promesse, c’est vrai. Qui restait-il, dans ce jeu de chaises musicales, pour s’en souvenir ou prendre la peine d’exhumer de vieux contrats ?
Il restait les lecteurs, enthousiastes et passionnés. Des enfants, des adultes, ceux qui viennent me voir en dédicace les yeux brillants en me demandant quand sort la suite, en m’expliquant fébrilement leurs théories sur ce qui va se passer dans le prochain tome. Et moi, qui essaie de ne pas sourire quand ils tombent juste.

Alors voilà, d’un côté j’ai tellement envie que vous lisiez ce roman, de vous prouver que j’ai travaillé dur dessus, et que si ce n’est probablement ni parfait ni magistral, c’est au moins complètement sincère et majeur dans l’univers Maliki. Que je l’ai écrit pour TOUS les publics, et pas seulement pour « la jeunesse », cette expression qui n’a aucun sens.
Et d’un autre côté, je n’ai plus envie de me (dé)battre dans ce panier de crabes. Donc, à moins que le statut des auteurs se transforme radicalement, à force de luttes et de coups de gueule comme celui-ci, ce sera le dernier roman que je publierai à compte d’éditeur.



Je m’excuse, car ce n’est vraiment pas l’annonce de sortie la plus vendeuse que j’ai pu faire pour un de mes livres. A la base je voulais juste vous expliquer pourquoi je n'avais pas fait de bande annonce cette fois-ci... Mais je ne serais pas si amère si je m’en foutais. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que ça me prend aux tripes. Ce n’est pas une réaction à chaud, c’est mûri, pourri, ça me gangrène et me sape au quotidien. Et même si ça ressemble à un sabordage, si ça peut ouvrir un peu les yeux du public (et des institutions, on peut rêver) sur la réalité du métier d’auteur, alors ce sera toujours ça de pris.

Et si vous voulez vraiment me faire plaisir : Considérez simplement l’idée d’essayer de lire mon roman. Peu m’importe que vous l’achetiez ou que vous l’empruntiez dans une médiathèque ou à un ami. Ce qui m’importe, c’est que vous passiez un bon moment, et que vous vous évadiez un jour ou deux, comme je me suis évadée en l’écrivant.
Et si vous avez aimé, laissez-moi un petit mot.
Ou dites-le à votre libraire.
Offrez-le à un ami.
Ou laissez un avis si vous l’avez acheté en ligne.
Vous illuminerez ma journée et ramènerez un peu d’humanité et de simplicité dans un secteur qui en a bien besoin.


Des bises.
Courage, espoir !

Mali

PS : je vous mets quelques liens pour le commander en ligne (mais n'hésitez pas à le demander en priorité auprès de votre libraire préféré !) :

Pages des libraires
FNAC
e-lerclec
Cultura
Amazon de Satan

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Commentaires :

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GreenHoshi Le à , a écrit :

C’est triste que des auteurs, comme toi qui se démènent à écrire des trucs vraiment génial, se retrouvent découragés…
Cela m’a fait ouvrir les yeux sur l’édition, moi qui aiment tant écrire et qui rêve de sortir un livre…
Bref, Je suis tellement contente que ton livre soit sortie ! Je l’attendais avec beaucoup d’impatience ! Merci beaucoup pour tout tes efforts !

GNYFR Le à , a écrit :

T’es paroles me touchent. J’ai les 2 premiers tomes et je compte bien prendre le 3ème.
J’espère que tu pourras continuer d’écrire plus tard si tu en a envie et si tu peux être rémunéré convenablement.

Marnic Le à , a écrit :

Pas de soucis, je comprend très bien ce que tu veux dire et franchement je suis pour aussi l’auto édition.
En tant que libriste convaincu je te proposerai bien de sortir ton prochain projet sous une licence libre chez Framabook 🙂

Stellibd Manga Le à , a écrit :

C’est un bien triste constat.. le métier d’autrices, d’auteurs ce meurt peut à peut… Je garde toujours espoir pour moi mais c’est franchement pas évident.
Beaucoup de succès pour ton roman 🙂

Arsene_M Le à , a écrit :

Courage !!!

Et ne perd pas la fois d’écrire (même si vu comme tu te démène j’en doute ^^) Je suis auto-éditeur (j’aide des gens à s’auto éditer quand ils n’ont pas toutes les cartes en main(et en évitant de les saigner à blanc aussi )) et chaque jours j’ai l’impression de découvrir un nouveau côté obscure de l’édition ><

C'est triste à dire mais ça fait un bien fou d'entendre et de lire des gens en parler, alors ne décourage pas et continue à illuminer notre quotidien !!!

Allie Le à , a écrit :

Je suis vraiment triste de lire ça, et en même temps je comprends parfaitement… Je publie des nouvelles (encore moins bien perçues que la littérature jeunesse). Ma dernière publication, je ne toucherai que 1%, et ils ont fait les corrections sans me les montrer (c’était dans le contrat, mais quand même). Et en plus de ça, je n’ai même pas un exemplaire offert ni un prix auteur. Donc si je veux un exemplaire du livre auquel j’ai contribué, je dois payer pour, sans doute bien plus d’argent qu’il ne va m’en rapporter… J’ai toujours voulu publier des romans. Plus ça va et moins j’ai envie de passer par des éditeurs…. =/
Bon courage pour la sortie, et j’espère vraiment que ce billet vous donnera la visibilité que vous méritez !!

Nem Le à , a écrit :

Peut être est-ce le moment pour se tourner massivement vers les réseaux libres et décentralisés plutôt que de tout miser sur des entreprises comme les gafams qui fort logiquement vont rançonner ceux qui dépendent d’elles…

Itinera magica Le à , a écrit :

Je vais te lire. Je l’achète tout de suite.

Tamsin Le à , a écrit :

Wow, merci pour ce coup de gueule.
Merci, parce que pour moi, c’est précieux. Et c’est précieux pour 2 raisons.

La première, c’est parce que c’est difficile, quand on ne fait pas partie d’un système et qu’on ne connaît personne dont c’est le cas, de connaître les coulisses de ce système. Et si on ne connaît pas les coulisses d’un système c’est difficile de connaître ses travers. Et enfin, si je ne connaît pas les travers d’un système, je ne peux pas savoir qu’il en a. En nous expliquant tout ça, tu nous parles des travers du système d’édition et tu nourris notre réflexion sur ce sujet. Et pour moi, c’est précieux.

La seconde raison, c’est parce que tu nous parles de tes coulisses à toi. De la même manière, je ne suis pas auteur et je ne connais personne qui l’est. Donc je ne peux pas deviner ce que c’est, je ne peux pas deviner la douleur dont tu nous parles ici.

Alors merci, vraiment. Merci de nourrir ma réflexion et d’oser nous faire part de tes coulisses 🙂
Merci pour votre temps à tous, merci pour votre travail 😀

Julien Le à , a écrit :

Je pense que certains l’ont déjà indiqué dans les commentaires précédents, mais je voudrais juste dire que la plupart des difficultés/obstacles que tu énonces ici n’ont rien de spécifique au métier d’auteur. Ce sont des problèmes auxquels tous les entrepreneurs et créateurs doivent faire face, quel que soit le produit proposé.

Quand on crée une oeuvre, quand on lance sa startup, quand on invente de nouveaux produits, on a toujours le même sentiment naïf: on a tellement galéré pour ça et on est tellement sûr que c’est génial que « les gens » vont forcément y adhérer, qu’ « on » va forcément en parler et que le succès ne pourra qu’être au rendez-vous. Et que forcément, ça devrait nous rapporter quelques deniers.

Sauf que: ça ne marche pas comme ça.

On peut avoir le meilleur produit du monde ; si personne n’en entend parler, si personne ne daigne s’y intéresser, il ne se vendra pas. Il faut arrêter de croire que parce qu’on a imaginé, conçu et réalisé quelque chose (ce qui est déjà très bien en soi) la reconnaissance matérielle nous est due. L’économie ne fonctionne pas de cette manière. Le meilleur produit du monde n’a aucune valeur sans toute la mécanique qui permettra de le vendre.

On peut trouver ça triste, on peut vouloir changer les choses, on peut estimer que tout travail mérite salaire (même quand la personne qui a demandé de faire ce travail, c’est soi-même), on peut même affirmer qu’on ne devrait pas avoir à travailler pour vivre, mais la réalité aujourd’hui est ce qu’elle est — et je dis ça en essayant moi-même de vivre d’un logiciel que j’ai conçu et développé de mes petites mains, donc j’y suis aussi confronté directement.

Donc, pour conclure: un grand bravo d’être allé jusqu’au bout de la production de ce 3ème tome. Mais comme tu le sais si ton but est d’en vivre, le travail est loin d’être fini. Ça fait partie du jeu de l’économie contemporaine, et ça n’a rien de spécifique à toi ou aux auteurs en général. Courage, et bon match!

MoonDream Le à , a écrit :

Moi je l’ai acheté! J’aime beaucoup trop l’univers de maliki… Quand je lisais les bd, je me suis toujours demandé comment avait évolué la relation maliki-lady et comment électro s’était formée. J’essayais de trouver tout les indices possibles. Quand le roman tome 1 est sortit, je suis allée l’acheter direct! Ensuite le tome 2 que j’ai encore plus aimé que le premier et maintenant le tome 3 (d’ailleurs j’ai eu un des premiers tirages) je ne l’ai pas encore commencé mais j’ai hâte ^^
(S’il pouvait y avoir l’histoire de maliki au lycée ou fin collège que ce soit en roman, en nouvelle, en bd, en théâtre, en animatic/animation ou même en jeu! je dis pas non!)

Rebecca Le à , a écrit :

Je reviens de l’auto-edition et franchement, c’est encore pire. Tu payes pour te faire imprimer, ça coûte un bras et tu ne gagneras jamais d’argent. J’espère que ton éditeur liras ton message et fera un effort à l’avenir.

Joseph Kochmann Le à , a écrit :

Merci Maliki.

En tant qu’auteur de livres jeunesse, je vis exactement le même genre de problèmes.
C’est à la fois déprimant et rassurant de voir que nous ne sommes pas seuls.

Arctic Puzzle Le à , a écrit :

Salut Mali
Déjà, un immense bravo pour tout ton travail depuis, eh bien depuis tes débuts. Tu as créé un univers incroyable qu’on adore, c’est génial. Ensuite, bravo aussi pour tes romans. Et pour avoir traversé l’enfer de la publication. C’est une qualité, de savoir tenir une promesse dont on est le seul à se souvenir, c’est une qualité aussi de persévérer dans l’indifférence (tellement plus nocive et insidieuse que l’opposition franche), et c’est incroyable que tu aies pu continuer aussi loin.
Le problème de l’édition se trouve dans tous les domaines. Je suis scientifique, donc la seule chose que je connaisse c’est l’édition scientifique. La plus grosse part du gâteau est détenue par un seul éditeur, qui ne rémunère pas les scientifiques pour leurs articles, ni pour évaluer ceux des autres, et exige un « manuscrit » (huhuhu) numérique déjà au format standard. Que reste-t-il donc à faire ? J’exagère peut-être mais… coller les pages de la revue qui coûte un bras et que personne ne lit, et mettre les articles sur le site internet de l’éditeur (c’est pourquoi personne ne lit la revue), auquel l’accès coûte l’autre bras. Une arnaque, mais non voyons hohoho.
Je te souhaite donc bon courage pour la suite, et j’espère que tu pourras trouver une autre solution à l’avenir pour publier tes oeuvres.

Libraire Rural Le à , a écrit :

Salut, Maliki,
merci pour cette tribune qui éclaire un peu le grand public sur une partie de la chaîne du livre ! Et la violence morale faite aux auteurs…
Mais pour te rassurer, moi, je suis à l’autre bout de la chaine du livre (libraire) et j’ai commandé ton livre pour l’avoir dans ma boutique et bien sûr le recommander chaudement à ces ados/adultes étranges qui consomment encore du livre papier.
Et ce n’était pas gagné, car je suis libraire en zone rurale, au fin fond de la Saône et Loire (un fou !), j’ai une zone de chalandise de 7500 personnes maximum, et le distributeur a fait zéro communication (je confirme); autant dire quelques handicaps… mais malgré tout, j’ai vendu (au moins 1 fois) chacun de tes 2 premiers romans. Tu vois, tout n’est pas perdu : même ici, en pleine cambrousse, je rencontre des fans de ton travail qui seront ravis de te lire une fois de plus.
Alors pour tout ça, merci encore !!

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